Meurtre en pleine mer

Le mystère est résolu : c’est avec un couteau à filet (préalablement aidé par un gros marteau ), dans la jupe de Katali, en plein midi, et par l’équipage tout entier que fut assassinée cette innocente créature, j’ai nommé, la daurade coryphène.

Ca faisait bien longtemps qu’on en avait péché une, mais les eaux Philippines semblent être bien plus poissonneuses que la Malaisie ou la Thaïlande. 2 poissons en 2 jours, bon début ! Cette infortunée à rapidement été transformé en magnifiques filets, qui marinent désormais au congélateur.

Les couleurs philippines ne sont pas sans nous rappeler la Polynésie. eaux turquoises, ilots plats et cocotiers… on va bien se régaler… Pour l’instant, on se fait une petite navigation de nuit, histoire de prendre de l’avance, et de pouvoir explorer le Nord de Palawan avant l’arrivée de nos prochains visiteurs.

Les enfants, eux, ne perdent pas le Nord, et ont fait leur lettre au Père Noël, que l’on mettra en bouteille, et à la mer demain matin… qui sait, la dernière fois, les dauphins du Père Noël sont apparus juste après les avoir lancé à l’eau !

Philippines, nous voilà !

Balabac Town, nous y sommes.

Après une magnifique journée de navigation sous gennaker à 7 nœuds de moyenne malgré un vent d’à peine 8 nœuds, sur une mer très calme, nous sommes arrivés à Balabac juste avant le coucher du soleil. Autant la météo est bonne, autant les fonds sont un peu effrayants.

La mer de Sulu est parsemées de hauts fonds. Certes, on a pas eu moins de 4 mètres, mais passer d’un coup de 80m à 5m, ça fait toujours un peu peur. Et puis ils donnent des noms pas très rassurants aux récifs… « great danger bank », « confusion reef »…

Petite balade à terre, histoire de jeter un coup d’œil au village, et là, gros contraste avec la Malaisie : plein de monde dehors, de la musique dans la rue, des rires, des saluts. On se fait aborder dans la rue, ça piaille, ça court, sapin de noël illuminé… Serions-nous passés d’un pays musulman à un pays catholique ? D’un pays qui a subit la colonisation espagnole, et l’autre les prêches islamiques…

Enfin bon, c’était chouette la Malaisie, mais là, le contraste est saisissant ! Organisés comme on est, on arrive là sans un peso en poche. Vu la taille du bled, ne rêvons pas de trouver un distributeur. Pas moyen de se faire un petit riz frit à terre, ou de se connecter à internet. Dur de survivre quoi ! On nous parle d’un préteur sur gage, seule solution, nous irons voir demain. Bonne journée à tous, et à très bientôt !

Dernière nuit en Malaisie

Notre navigation vers le Nord et les Philippines se passe mieux que prévu.

Nous attendions du fort vent contre nous, il est pour l’instant dans notre camp, et nous faisons de longues journées de navigation sous voile bien agréables.

Hier soir, nous avons mouillés devant l’île de Silingaan. Non pas parce qu’il y a peu, un touriste taïwanais s’y est fait tuer par le groupe islamique Abu Sayaf, et sa femme enlever, mais plutôt pour les mignonnes petites tortues qui viennent y pondre chaque nuit. Malheureusement, pour des raisons de sécurité (on se demande bien pourquoi) le poste militaire installé sur place (ou nous avons papoté avec les 2 agents qui ont jumelles et mitraillettes braqués vers le large 24/24) n’a pas accepté que nous venions explorer la plage de nuit.

En revanche, les enfants ont tout de même eu la chance de pouvoir relâcher quelques bébés tortues tout juste éclos, et de les accompagner jusqu’à la mer, leur évitant de se faire dévorer par les aigles qui rodent.

Puis, à nous de devenir prédateurs, en péchant un petit thazard, vers 7 heure du matin… un bonheur de découper des filets avant le petit déjeuner…

Ce Samedi soir, nous sommes sur la fort sympathique île de Tigabu, devant un croquignolet village en bord de mer, sur pilotis, ou la population nous a accueilli par de grands sourires, et des mines ahuris devant la blondeur de nos enfants. Les enfants nous ont demandés de sortir le sapin de Noël, qu’ils ont décorés de guirlandes et boules. Hé oui, on est équipé sur Katali ! Ils ont même fait une crèche en lego !

Vraiment une magnifique dernière escale malaisienne, avant de prendre la mer très tôt demain pour atteindre si possible avant la nuit l’île Philippine de Balabac, 80 miles plus au Nord.

On ne passe pas !

Les plus grands explorateurs ont tous eu à reculer devant d’insurmontables obstacles : Magellan devant les tempêtes du Cap Horn, le Capitaine Scott face au froid polaire, Cesar devant Obelix, le docteur Livingston devant le paludisme…

Pour nous, l’insurmontable s’est matérialisé en de longs fils électriques à haute tension tendus à travers la rivière. Certainement une volonté des forces de la nature de nous empêcher de remonter cette rivière jusqu’à sa source, et d’en percer ainsi les mystères insondables.

C’est donc au petit village de Sukau, niché au cœur de cette jungle, que nous avons fait demi-tour, après une autre nuit d’un calme rare sur le bateau.

La veille, joli arrêt, tout près de la berge, à toucher les arbres. Pas mal de drôles d’insectes en ont profité pour monter à bord, mais ça permet aux enfants de ceuillir des fruits ! Et également aux orang outans de venir nous regarder de près. Un vrai moment d’émotion d’avoir ce singe si expressif, si semblable à nous (enfin plus semblable à certains que d’autres) juste devant nous, à nous regarder…

Timéo a voulu monter au mât, regarder le rivière de là haut, agréable promenade, perché à 20 mètres, à regarder la forêt défiler.

Le temps de trouver une connexion internet pour mettre en ligne ce texte, et nous voici revenus à l’embouchure de la rivière, Sandakan. C’est notre dernière soirée à Bornéo. Demain commence notre remontée vers les Philippines, que nous devrions toucher dans 3 jours.

 

Le plein de chlorophylle

Guettés par les crocodiles, pourchassés par les singes nasiques, moqués par les éléphants pygmées, nous avons vaillamment survécus à nos premiers jours au cœur de la jungle sauvage de Bornéo.

Bon, admettons-le, ça fait un peu croisière sur le Nil pour retraités du 3ème âge notre truc : la remontée de la rivière Kinabatangan est paisible, et il nous suffit de lever les yeux de nos cahiers d’école pour appercevoir un animal quelconque en train de nous regarder passer…

Les singes sont innombrables. Un petit faible pour les nasiques (vous vous souvenez, Rastapopoulos dans les albums de Tintin ?) qui ont vraiment un air incroyable. Les crocodiles se cachent, heureusement, et à défaut de voir leurs yeux briller la nuit, ce sont les lucioles qui entourent le bateau.

Aujourd’hui’hui, nous avons suivi à terre la piste encore chaude d’éléphants (si si, les crottes de pachyderme, dans la jungle, ça se repère), mais n’avons pu les rejoindre. Les oiseaux sont aussi nombreux qu’incroyables, avec des formes de cou, de bec, d’ailes, dignes de miroirs déformants.

Il nous faut quand même faire attention aux nombreux troncs qui descendent la rivière. L’un d’eux, d’environ 12 mètres, s’est pris ce matin à cheval sur nos deux coques, pas évident de s’en débarrasser.

Ce soir, nous sommes mouillés à 3 mètres du bord, juste en dessous d’un arbre à singes, ou toute une tribu nous a regardé nous brosser les dents, avant d’aller se coucher en même temps que nous…

 

Un peu d’eau douce nous fera du bien

Les enfants ont quittés non sans mal leurs copains d’un jour, enfants d’une famille française installée à Kota Kinabalu depuis 4 mois et pour quelques années. L’occasion avec eux d’aller se balader au pied du Mont Kinabalu (4095m), profiter de la forêt vierge, des sources sulfureuses chaudes…

IMG_1496Ce soir, nous sommes à Sandakan. Deuxième plus grosse ville de l’état de Sabah, à Bornéo. La navigation pour s’y rendre a été étonnamment calme, la mer s’apaisant après avoir doublé la pointe Nord Est de l’île, et le vent devenant portant. Et pourtant, c’est une région réputée risquée pour ses enlèvements en tout genre. Du coup, nous avions prévenu la Police Maritime qui était prête à intervenir en cas de besoin.

_DSC6897Sur la route, le paysage a complètement changé. L’eau devient très claire, les ilots couverts de cocotiers parsèment l’horizon. Bien que pressés, nous n’avons pas résisté à faire un petit stop baignade sur un banc de sable perdu au milieu de rien.

Mais demain, changement d’environnement. Nous partons pour remonter la Kinabatangan river, pendant une semaine environ. Nous espérons y voir une faune sauvage abondante, malheureusement repoussée vers les berges de la rivière par la déforestation galopante à Bornéo.

On continue en radeau…

Un peu dur en ce moment de se sentir bien en pays musulman… Un peu dur d’apprendre ce qui s’est passé à Paris alors qu’on mange au Brunei dans un restaurant au son des minarets environnants…

Nous avons quitté Brunei après une dernière exploration du village sur pilotis, et une remontée de rivière en annexe pour observer les singes nasiques, qui gambadent de branches en branches, balançant leur gros nez à tous les vents.

Mosquée dans la brumeBrunei est un état islamique. La charia y est en application. Il est donc particulièrement surprenant que juste en face, à 10km à peine, se trouve l’île de Labuan, île Malaisienne Duty free. Couverte en partie d’une immense raffinerie que nous longerons de nuit, c’est le royaume des boutiques d’alcools, on se croirait dans un hall de transit d’aéroport. L’occasion pour nous de nous refaire un petit stock (de toblerone pour les enfants bien sûr !), et pour les enfants, de jouer aux robots avec les cartons vides !Les courses d'alcool, ça a du bon !

Nous sommes maintenant à Kota Kinabalu, la capitale de l’état de Sabah, à l’extrême Nord-Est de Bornéo. Dominé par le Mont Kinabalu (3ème sommet d’Asie), c’est une terre sauvage de jungle et de gros bestiaux.

Nous en avons donc profité pour descendre la Kiulu River en raft (pour le côté nature) et faire le tour des supermarchés locaux (certainement les derniers offrant un tel choix avant de nombreux mois).

Cela fait des journées bien chargées, propices à mettre les enfants sur les rotules, pas durs à coucher en ce moment.

 

A la cour du Sultan

Pas de miracle… nos hélices ont repris leur rythme paisible, laissant le moteur s’acharner, et ne tournant que quand elles veulent.

Il nous fallait donc nous arrêter pour une réparation sérieuse. Sur notre route, Brunei, micro pays, Sultanat, enclavée dans l’immense Bornéo, entourée de Malaisie…

Et pourtant, Brunei s’en tire très bien, avec ses réserves de pétroles immenses, ce qui a fait de son Sultan, l’homme le plus riche du monde, et oui, rien que ça.

On s’est dit qu’en s’arrêtant au « Royal Brunei Yacht Club », on avait des chances de partager un lait fraise (éh oui, pays TRES musulman) avec le Sultan, de s’en faire un bon pote, et de se faire inviter dans l’une des 423 (oui oui, 423) chambres de son palais résidence, le plus vaste au monde !

Ca batifolle dans la piscine du Royal Brunei Yacht Club

Et pendant que les enfants batifolaient dans la piscine, le capitaine suait sang et eau, soit à fond de cale, à démonter ses cônes d’embrayages, soit à terre à l’atelier du Yacht Club, ou un gros étau était nécessaire pour finir le désassemblage. 2 jours de boulot sur ces foutus engrenages, mais le résultat est là, les hélices répondent désormais au quart de tour !

Pour faire un peu de technique pour ceux que ça intéresse, les cônes d’embrayages sont des cônes qui frottent l’un dans l’autre, pour enclencher marche avant ou marche arrière. A force de frotter, les surfaces se lissent, puis n’adhèrent plus suffisamment. Il faut donc tout démonter, passer à une pâte spéciale (genre dentifrice), pour dépolir les surfaces de contact. Une bonne chose de faite !

OK, c'est démonté, mais faut pas se tromper dans l'ordre du remontage

Du coup, ne voyant pas le Sultan pointer le bout de son nez (peut-être s’est-on mal compris, et pense-t-il que nous allons le rejoindre dans une de ses résidences australiennes), nous avons mis les voiles (enfin les moteurs) pour remonter la rivière principale de Brunei, 2 heures jusqu’à la capitale. Jolie balade, bordée de maisons sur pilotis.

Nous mouillons au cœur de la ville, au pied, justement, du palais du Sultan, planqué derrière la végétation. Devant nous, le plus vaste village lacustre du monde (ça nous parait étonnant quand même), ou même les publicités ont les pieds dans l’eau (essayer de vendre des voitures à des gars qui vivent sur l’eau, vraiment une idée tordue de publicitaires !).

Visite à terre, de la mosquée principale « plus belle mosquée d’Asie du Sud-Est » (enfin c’est eux qui le disent), visitable par les non musulmans une heure par semaine. On a juste le droit d’enfiler une robe noire, et de faire 3 pas à l’intérieur « you stay on the brown carpet ». Puis, visite du musée des cadeaux royaux, étalage des cadeaux que les sultans ont reçus (depuis 37 générations !). Ca va du superbe service en argent martelé au kitchissime portrait du sultan entièrement en paillettes, en passant par des dizaines de couteaux, haches, machettes en or, ivoire, argent, jade, pierres précieuses…

Patate découpée en spirale et frite, un délice !

Et le soir, night market à 20 minutes en bus, ou on retrouve les ambiances (et les mets) de Thaïlande, patates frites en spirales, brochettes satay, en y ajoutant des kebbab que nous n’avions pas humé depuis bien longtemps. Au retour, plus de bus, plus de taxi, nuit noire, grosse pluie… Mais la maman d’une vendeuse de légumes nous ramène gentiment à l’arrière de sa fourgonnette, ne cessant de répéter « sorry sorry sorry no seat ! », et refusant qu’on lui donne le moindre sou ! Sympa le Brunei !

 

Hélices, crocodiles et sangsues

Pfiou… un Dimanche un peu fatiguant !

Souhaitant profiter de l’apparente et miraculeuse réparation des hélices, nous nous sommes rendus aujourd’hui à un parc national non loin de Miri, afin de manger un peu de jungle, et de donner aux enfants la joie d’un picnic dans la nature (oui oui, pour eux, un picnic, c’est l’exotisme).

C’est donc harnachés de nos meilleurs équipements (bon, les chaussures de marche de Soizic ont explosées au bout de 12 mètres, sans doute rongées par l’inutilisation) que nous nous sommes attaqués aux 5 heures de marche dans la jungle de Bornéo, entrecoupées de nombreuses pauses baignades sous les cascades, à poil pour les enfants la plupart du temps. Le nom du parc (Lambir Hills) aurait dû nous mettre la puce à l’oreille quant à la topographie des lieux, mais croyez-moi, nos mollets s’en souviendront !

Point d’animaux sauvages (les hurlements de Mael les ayant fait fuir à plus de 3km). Seules des sangsues ont tentées, sans succès, une prise de contact…

Ce soir, les enfants n’ont pas demandé leur reste, s’effondrant rapidement après le repas, visiblement bien crevés de leur exploit physique (se déplacer sans l’aide du vent).

Et aujourd’hui, Lundi, après une journée de courses aux différents produits qu’il nous faudrait au cas ou le souci de l’hélice/moteur se reproduise, nous sommes prêts à nous remettre en route, direction le Sultanat de Brunei, à une nuit/une journée de navigation d’ici. Nous partons dès ce soir.

Croisons les doigts pour que les hélices se comportent bien… jusque là, tout va bien…