Ca y est, il avance ce bateau. Il a tiré ses premiers bords au large de Pondicherry, avec une joyeuse bande de copains à bord.
Bon, ça ne s’est pas fait simplement. Le chenal, puis la passe de sortie, sont vraiment très étroits. Donc ça n’a pas loupé, on a touché en sortant, dans le canal. Bon, pas dramatique, c’est de la vase me direz-vous, mais sur la vase, il y a 3 mètres de déchets divers et variés, entassés depuis l’invasion de l’Inde par Genghis Khan, à côté desquels les réserves secrètes du Musée Archéologique du Caire ressemble à une collection de boîte d’allumettes.
Donc, lorsque notre hélice tribord est venue remuer la vase à quelques centimètres, elle a ramassé, en quelques secondes, environ 1 mètre cube (je n’exagère pas), de déchets divers (filets, cordages, lanières plastiques, câbles métalliques, tissus, casques mérovingiens…). Le moteur, devant cet assaut massif, a calé, impossible à redémarrer (nous n’avions pas encore vu la bête).
Avec un seul moteur, difficile de se sortir de là, le bateau tourne en rond. En jouant (enfin, jouer…) avec l’ancre, on a réussi à se remettre au milieu du « chenal », pour ancrer.
C’était donc le moment pour Capt’ain Matthieu de sacrifier quelques années de sa vie en plongeant dans ce qui ici, tient lieu d’eau de mer. En effet, la composition de ce liquide, authentifiée par un institut de santé Suisse, est la suivante :
- 16% de caca
- 28% de pipi
- 17% de curry
- 6% de plastique
- 14% de mercure
- 5% de pneu
- 11% de plomb
- 13% d’acide muriatique
- 0,1% de machine à laver
- 4% d’eau (quand même)
- 26% non identifiable (probablement d’origine extraterrestre, mais qui pue !)
Oui, ça fait pas 100%, mais les Suisses sont pas très fort en chiffres.
Ca donne donc un liquide marron (le caca !), dans lequel on voit à peine à 10cm, oui, 10cm !
Je ne m’attarderai pas sur la demie heure passée en solitaire la dedans, à tailler dans le « blob » au couteau, je ne décrirai pas l’état de mes doigts ce soir après quelques coups moins bien ajustés que les autres, ni celle de ma peau, couverte de bubons purulents, ne souhaitant pas vous gâcher votre journée.
Après une demie-heure donc, l’hélice était libre. Par acquis de conscience, un coup d’œil à l’autre hélice a permis de faire durer la partie de plaisir, elle aussi ayant décidé qu’il faisait un peu frisquet là-dessous.
On repart donc, bien refroidis, et bien rassurés pour attaquer la passe. Ça s’est en fait pas trop mal passé, puisque dans ce que nous appellerons, pour vous donner une idée « le virage de la mort qui tue », nous avions 20 confortables centimètres sous la quille, un vent de travers, et des déferlantes de 4 mètres (bon, pour les déferlantes, Soizic me dit que j’exagère, mais il est possible que mon séjour dans le « machin qui pue » m’ait poussé au délire).
Enfin libres à la sortie, nous avons pu essayer plein de voiles, d’écoutes, de drisses, de ris, de pilotes, de camembert, et d’alcools forts (pour me désinfecter).
Le retour fut aussi tendu qu’à l’aller. Dans le chenal, là où nous avions touché, un gros bateau de pêche s’était échoué (ha, quand même, ça arrive même aux autochtones !). Un fier camarade essayait de le sortir en tirant dessus, mais rien n’y fit, le bougre doit encore y dormir (la marée était descendante).
Du coup, ne sachant plus trop où passer (du côté où ce con s’est planté, ou du côté où nous nous sommes plantés ce matin, on a décidé de passer entre les deux, et donc, de se planter ! Enfin juste racler le « blob ». Donc les hélices ont à nouveau soulevé la bête, et l’hélice babord s’est mise à bien vibrer, mais sans caler. On a pu rentrer au port, mais Capt’ain Mat, désormais munis de 3 jambes et 12 doigts (je tape plus vite), est bon pour une autre petite plongée de nettoyage (et croyez, moi (je sais, c’est dur), mais au port, l’eau est encore pire que dans le chenal…).
Bref, un petit message concis pour vous dire que le bateau s’est bien comporté, pas de souci détectés (ou si peu), et que ça fait du bien.
On remet les réjouissances Samedi et Dimanche, avec sûrement plein de merdes dans les hélices à nouveau (on s’est planté à marée haute, je ne vois pas pourquoi on recommencerait pas).