Que serait une croisière inaugurale sans un spectacle pyrotechnique ? Sans un son et lumière reléguant le Puy du Fou au rang d’étincelles ? Le son, ce fut celui du moteur, entendu lors du lever vers 6h du matin. « Mais, quoi, le moteur est allumé ? Il l’a été toute la nuit ? Pourquoi on ne l’entend que maintenant ? » Aux panneaux moteurs, tout est éteint, et pourtant, en allumant celui du moteur tribord, il apparaît comme en marche. L’explication est simple : en éteignant les 2 moteurs la veille au soir, pour celui de tribord, j’ai dû juste, en allant trop vite, éteindre son alimentation électrique, et non le moteur lui même… Hummm, et là, maintenant que l’alimentation électrique est revenu, pourquoi cette très forte odeur de brulé ??? Oups, on éteint tout, moteur et alimentation électrique, et je vais ouvrir le capot moteur… Re-oups, c’est rempli de fumée ! Et l’air qui entre permet de démarrer un feu au niveau du démarreur. Une flamme de 10cm de haut, au niveau des câbles électriques ! Ouch, vite vite, un torchon humide, que je plaque sur la flamme, qui s’éteint après quelques secondes. L’extincteur était prêt au cas ou. La zone reste incandescente, je jette de l’eau douce dessus, qui se vaporise à peine au contact du démarreur. Oups, c’est chaud ce truc ! On laisse passer quelques heures, afin de faire baisser la température. Je descend dans la cale, démonte le démarreur : son moteur à fondu. Oui oui, fondu, des morceaux de métal se sont liquéfiés à l’intérieur. Irréparable avec les moyens du bord, il faudra le changer ! Que s’est il passé ? En tournant toute la nuit sans alimentation électrique, le ventilateur de la cale qui extrait l’air n’a pas fonctionné, et la température a dû monter très fortement, faisant fondre quelques fils électriques, qui se sont mis en court circuit. Lorsque que j’ai rétabli l’alimentation, j’ai remis du courant dans ces câbles, et le + et le – directement reliés à la batterie sur le démarreur (donc très gros ampérage) se sont mis en court circuit, développant une énorme source de chaleur, qui a fait fondre le truc, et mis le feu aux câbles… On en est quitte pour un démarreur HS, et une belle frayeur quand même. Après ce spectacle, les enfants ont eu droit à une visite à Aqualand, en péchant un thon jaune au soleil couchant (apéro fatal pour celui-ci). Tout excités de pêcher frais, ils sont ravis ! Il est d’autant plus le bienvenu que nos vivres (prévues pour une traversée de 4/6 jours) deviennent rares, depuis 9 jours que nous sommes partis. A 17h30 ce soir, nous sommes à 80 miles de Phuket, arrivée prévue demain matin au lever du soleil (le vent faible nous ralenti juste ce qu’il faut !)
Le retour du plaisir
On a tendance à oublier, dans les moments difficiles, que ça n’est pas la normalité. Que naviguer par 30 nœuds de vent, houle de 3 mètres, sans pilote automatique, avec 2 safrans en vrac, ça n’est pas la normalité. Alors quand on repart de Car Nicobar, avec 2 safrans qui répondent au doigt et à l’œil et un pilote automatique qui leur fait faire ce qu’il veut, qu’en plus, la houle s’est mystérieusement apaisée, ainsi que le vent, la montée de plaisir est soudaine, et bienvenue. Du coup, ça fait une journée familiale emplit de jeux de cartes, de lego, de repas pris dehors, tous ensemble, de repos, de lecture… et on oublie que nous sommes toujours bloqués à 3 ris dans la grand voile, (la faute aux lattes cassées), et que du coup, le bateau se traîne. Certes, 8 nœuds (ce qui reste notre moyenne) est une vitesse que nous n’atteignons qu’exceptionnellement avec Hildi, notre premier bateau, mais on s’habitue, et on sait ce que Katali à sous le capot. On testera ça avec des nouvelles lattes. Ce soir à 20h, nous sommes à 250 miles de Phuket.
Nicobar toi d’la
Innnnnnnnnnnnncredible India, on les a !
Quoi donc ? Nos passeports !
Et en cadeau Bonux, la « Permission for sail », délivrée par le Superintendent of Police of Andaman & Nicobar Islands.
Et typiquement indien, ce document qui nous a donc été remis ce soir, est en copie au :
– Commander-in-chief, ANC, Port Blair
– Director General of Police, A&N Islands, Port Blair
– Superintendent of Car Nicobar
– SP(CID), Port Blair/Car Nicobar
– Chief Port Administrator, Port Management Board, Port Blair
– The Signal Superintendent (PMB), Car Nicobar
– The Assistant Director, Intelligence Bureau, Port Blair
– The Intelligence Officer (JIO, Car Nicobar)
– The Security Officer, Indian Air force, Car Nicobar
– The SHO, PS, Car Nicobar
Rien que ça ! Pas étonnant que ça ait pris un peu de temps si tout ce petit monde devait être consulté. Comme ça, ils sont tous sûr de se blinder: « Si j’ai fait une connerie, et qu’aucun des types que j’ai mis en copie ne s’en aperçoit, c’est pas vraiment ma faute du coup, non ? »
On a quasiment fait appel à la Cour Internationale des Droits de l’Homme, menacés que nous étions de passer le week-end ici, pour attendre la réouverture des bureaux, et de devoir aller à l’ancre car un cargo arrive demain… Du coup, on a profité de cette journée supplémentaire pour fignoler un peu la réparation des safrans (en fait, les deux clavettes étaient cassées en arrivant sur Car Nicobar, pas étonnant qu’il ait été un poil difficile de barrer).
On s’est même payé le luxe de réparer le pilote, dont le moteur électrique, ayant pris l’eau de mer (par un capot non étanchéifié par le chantier, je le répète), refusait tout bonnement de bouger, tout plein de rouille partout (ça va vite avec l’eau de mer). Mais ce soir, tout gazouille à nouveau. Les clavettes attendent patiemment de clavetter ferme, les capots sont étanchéifiés, le pilote roucoule, et on va pouvoir aller se coucher à une heure décente, car demain, départ à l’aube (4h30 ici).
En discutant aujourd’hui avec les très nombreuses personnes venues nous voir (La Police à même dû barrer l’entrée du quai pour arrêter le défilé), nous avons appris qu’effectivement, l’isolement des îles Nicobar (afin de préserver les tribus locales) est tel que pour la plupart des personnes ici, nous étions les premiers blancs qu’ils voyaient. Du coup, les enfants en avaient marre de se faire toucher les cheveux, la peau, prendre en photo… Mais le contact était tout de même très sympa, avec ces populations qui ressemblent visiblement beaucoup plus à des Thaïs qu’à des Tamouls. Demain, cap sur Phuket, 350 miles, 2 jours ?
Le Zoo de Car Nicobar
Non non, ne vous méprenez pas, le Zoo, c’est nous ! Les pauvres animaux mis en cage, dénutris, dépressifs et apathiques qu’un public abondant vient observer, c’est nous !
Sauf que personne ne nous a jeté de cacahouètes (ni de noix de cajou pimentées, ce qui aurait été apprécié). Toujours à Car Nicobar. Nous avons reçu la visite de la Super Intendant de la Police des îles Nicobar (la grosse légume quoi), qui nous a garanti que notre cas était prioritaire, qu’elle avait été choquée d’apprendre que nous avions des enfants à bord, et que notre cas n’était pas traité plus vite, mais qu’enfin vu le nombre d’officiels concernés (!!??) cela prendrait du temps.
Bref, c’est de l’Indien typique « je sais pas trop quoi faire de vous, donc je transfère la patate chaude au voisin/supérieur/belle mère… ». Notre dossier doit être en route pour le bureau du premier ministre à Delhi à l’heure qu’il est. Pendant ce temps, le trouvant long justement, le temps, les enfants se sont aventurés sur le quai pour une partie de pêche avec les autochtones, fort accueillants au demeurant.
Mais la Police veille, et a rapidement sommé ces dangereux criminels (ce sont les enfants, pas les autochtones) de retourner à bord de leur embarcation. Non sans s’être pris en photo avant au côtés de Mael. Bref, on se la coule douce aux Nicobar.
Message de Lola
Bonjour, je m’appelle Lola et j’ai 8 ans. Je suis parti de Pondichery hier sur mon bateau. Pendant le trajet du premier jour, je suis tombé un peu malade et j’ai vomi. Avant de me coucher j’ai vu un cargo. Ce matin, ça allait beaucoup mieux. Quelques temps après le petit déjeuner, je suis allé dehors regarder la mer, et j’ai cru voir un dauphin, mais c’était une tortue.
L’Inde, tu l’aimes ou tu la quittes pas
Promis, on garde pour un grand réalisateur les droits ciné de notre épopée Indienne, car on peut dire que ça n’arrête pas de rebondir. Nous avons beau être à 1600km des côtes du sous-continent Indien, à l’heure qu’il est, nous revoilà « retenus » contre notre gré sur la riante île de Car Nicobar… Ha ha ha, à ce point, ça devient vraiment rigolo. Le problème des îles interdites, comme par exemple les îles Nicobar, c’est que vous ne savez pas trop sur quoi vous allez tomber. Une île déserte, peuplée de 3 ou 4 tribus d’anthropophages n’ayant jamais vu d’homme blanc (mais attirés par la nouvelle cuisine) ? Un centre de recherche ultra secret de l’armée Indienne ou ils mettent au point les cheese nan qui résisteront à un séjour dans l’espace ? Un lupanar géant vendu à un multimiliardaire Tamoul, qui nous recevra dans son palais de 3000 chambres ? Bref, on en savait rien. On penchait tout de même plus sur le caillou désert. Nous nous sommes donc approché sans méfiance de la Savai Bay, sise au Nord Ouest de l’île Car Nicobar, la plus protégée de la houle pour nous permettre d’effectuer cette réparation sur nos safrans (merci encore au chantier Ultramarine de ne pas avoir suivi les plans de l’architecte, on vous adore les gars !). Mais en arrivant dans la baie, nondediou, une grosse digue, plein de bâtiments… Flûte ! Pas de panique, il s’agit certainement d’une ancienne léproserie abandonnée. On met l’ancre du côté opposé, et évidemment, à peine mouillés « Port Control to Sailing Yacht, Port Control to Sailing Yacht »… Et hop, c’est parti, bienvenue en Inde. Malheureusement, je n’entends rien à ce que le gars me demande, et le type ne trouve qu’à me répondre « vous parlez trop Monsieur, veuillez juste répondre à mes questions ! » « Mais bon sang, je les entends pas tes questions, alors oui, je te raconte ma vie ». Mais lui, ce qui l’intéresse, c’est le tirant d’eau du bateau, son gross tonnage, sa largeur, le nom de mon père (oui oui, le nom de mon père…). Et évidemment, une fois la réparation de fortune faite (malheureusement, pas miraculeux), nous sommes sommés de venir au quai, derrière la grosse digue, pour une Innnnnspection ! Qu’aurions-nous dû faire ? Nous barrer en faisant semblant de ne pas entendre leur radio, et prendre le risque de se faire bombarder par l’un des sous marin nucléaire que nous avons vendu à ce riant pays ? On a plutôt choisi l’expérience « découvrons en rigolant », se taper encore un peu d’administration indienne. Donc hop, direction le quai de l’île interdite… whouuuu, ça fait peur. Et c’est vrai que le comité d’accueil est un peu effrayant. Une bande de villageois (merde, ya des vrais habitants, pas des chercheurs de l’armée, on va se faire bouffer) à l’air consterné nous regarde arriver, nos enfants à poil qui sautent sur le trampoline, ce bateau pour eux sorti d’un épisode de Star Trek, une femme à demi nue (enfin qui montre ses épaules)… On leur lance les amarres, qu’ils regardent l’air ahuri ne comprenant pas ce qu’ils doivent en faire « mais si, regarde, tu la tournes autour de la bite, oui, non, non non non, pas comme ça… oui, oui, on y est ». Le type me sourit. Ha non, c’est aps un sourire, c’est un monstrueux bec de lièvre… pfiouuu, ça va être sympa l’escale… Le vent nous éloigne du quai, ce qui, heureusement, nous maintient à 1 mètre de ce groupe de semis zombis prêt à nous sauter à la gorge. La voix à la Radio nous rappelle que nous ne devons pas descendre à terre (ça va pas la tête non, pas envie de se faire bouffer), ce que nous respectons scrupuleusement. Les officiels sont « on the way » nous confirme t’il. C’est donc 4 heures plus tard (hé oui, l’île fait 10km de diagonale quand même) qu’arrivent à bord : – le sous officier de la Police locale – Le représentant de la « Indian Intelligence » – Le gars des « phares et balises » – Le gars qui vient pour les cacaouètes. Et hop, c’est reparti. Nom, adresse, destination, port d’enregistrement, patatipatata. Tout ça pour repartir avec nos passeports (éh éh, nous voilà otages), et une lettre manuscrite du Captain expliquant pourquoi on s’est arrêté (c’est vrai ça, POURQUOI on s’est arrêté), et demandant aux Super Intendant des îles Andaman et Nicobar de bien vouloir nous laisser partir sans servir de nourriture aux tribus locale (car oui, le sous officier me l’a bien confirmé, les îles sont peuplés de « Tribal Population », les drôles de types qui nous regardent depuis le quai, emmenant leurs femmes, leurs enfants, nous prenant en photo (parce qu’aujourd’hui, le « tribal gars de l’île interdite » à son compte Instagram). On nous promet une réponse « peut être pour demain soir »… Ha ha ! L’Inde ! Elle nous fait quand même bien rigoler. Bof, c’est l’occasion pour nous de se reposer au quai après ces 5 jours éprouvants (dont 3 de barre ininterrompus). Toujours pas le droit d’aller à terre, mais bon, on s’entraîne à simuler un bec de lièvre du moyen âge, et dès demain, c’est sûr, on pourra tenter de s’aventurer en territoire « interdit »… Pour finir, une question très sérieuse à nos lecteurs connectés : Quelqu’un peut il nous envoyer les extraits des textes qui régissent un arrêt d’urgence d’un navire dans les eaux d’un pays ? Nous avons toujours entendu dire qu’un pays était dans l’obligation d’accepter une escale de 72 heures à un bateau nécessitant des réparations. Sans pour autant donner le droit de descendre à terre. Mais qu’en est il du droit de ce pays de conserver les passeports, et surtout de retarder le départ du bateau sous prétexte d’obtenir la clearance d’une autorité quelconque ? On ne sait jamais, s’ils commencent à faire du zèle, et à nécessiter une semaine pour nous relâcher, nous aimerions avoir quelques arguments juridiques à leur opposer. Donc, si vous pouviez, chers lecteurs, faire une petite recherche internet pour nous et nous en envoyer les résultats, ce serait fantastique. La nuit tombe sur Car Nicobar. La petite famille au grand complet roupille. Des retardataires de l’armée (les pauvres n’avaient pas pu venir avant), viennent de passer. Scène surréaliste, sur le quai, à la lueur du téléphone portable, à leur dicter mon adresse et téléphone en France, le nom de mon père (décidément), l’âge de mes enfants, la longueur de mes poils de dessous de bras… Haaaaa, Incredible India ! 350 miles à parcourir jusqu’à Phuket. En fonction des évènements, entre 2 jours et 2 mois. Pour nous envoyer des oranges : La famille du Captain dont le père s’appelle Alain Fleury Quai pourri de l’île interdite Car Nicobar Inde (éh oui, car c’est bien de l’Inde qu’il s’agit)
Coastguards, amis pour la vie
Coucou à tous, Bon, allez, il faut prendre ça avec décontraction: évidemment, la clavette de l’autre safran a cassé aussi, la nuit dernière. Imaginez, la clavette, dans une voiture, c’est ce qui relierait la roue à la transmission. Donc, dans notre cas, quand on tourne le volant, on ne tourne qu’une roue… La roue restante fonctionnant sur une réparation de fortune pour laquelle on prie régulièrement. On ne peut pas faire la même réparation sur le deuxième safran, car (pour des raisons un poil longue à expliquer), à la différence du premier safran, celui ci a besoin d’être immobilisé, ce qui est impossible en pleine mer, il faut attendre le mouillage. Du coup, on ne regrette plus notre panne de pilote, puisque le pilote serait incapable de gérer cette absence de roue droite. Barrer à la main est déjà super dur, au moins, ça nous maintient en éveil pendant les longues nuits. Aujourd’hui, nous avons eu la visite aérienne des Coastguards indiens. Car devant nous, les îles Nicobar, longue chaîne d’îles Indiennes qui barrent le chemin. Il nous faut donc traverser une dernière fois le territoire Indien. Donc, petite discussion à la radio, qui vous êtes, ou vous allez, blablabla, classique. On a pas osé leur demander un arrêt de sécurité pour réparer la deuxième clavette tranquille aux îles Nicobar, car c’est un archipel interdit, mais vu que demain, nous passons à 500 mètres de l’une des îles, je pense que l’on ne résistera pas à s’arrêter. Allez, c’est notre dernière chance de finir dans les geôles Indiennes, préparez les oranges !
Grosses vagues et petite fatigue
Pfiouuuuuu, fatigués quand même ! C’est qu’une longue nuit à se relayer à la barre toutes les heures, ça épuise. Nous sommes de la génération pilote automatique, pas navigation en solitaire, la bite et le couteau face aux éléments déchaînés… Et quand on sait qu’il y a au moins 4 nuits identiques à venir… Enfin, on garde le moral, on avance, c’est le principal. Dans 2 jours, on devrait passer les îles Nicobar (territoire indien, mais interdit d’accès, qu’est ce qui vont encore nous inventer), puis 2 jours plus tard, apercevoir la Thaïlande. En attendant, on prend le rythme, les ampoules aux mains, le mal au dos, et les poissons volants. Aujourd’hui, premiers dauphins pour Katali, qui sont venus en banc (ou en troupeau ?) nous faire coucou. Également, une tortue croisée, en train de mastiquer un grand sac plastique rouge… triste planète. Ce soir à 20h, il nous reste 610 miles.
Et oui, c’est de pire en pire
A que vous êtes bien, sous votre couette, ou sous votre drap, à fermer les yeux ce soir sans vous soucier de… sans vous soucier de barrer ! Et oui, notre pilote, ayant pris un petit bain forcé (toujours le petit capot sur la mèche de safran, pas étanchéifiée, qui a laissé rentrer plein de flotte dans la cale du pilote), à décidé de se mettre au repos. Et CA, la panne de pilote, avec 800 miles devant vous, 3 enfants à gérer, c’est du pur bonheur. Ca veut dire que l’un des parents doit TOUJOURS être à la barre. Oui, toujours, le jour, la nuit, toujours. On a passé 4 heures aujourd’hui arrêtés, pour tenter de réparer la clavette du safran bâbord (vous suivez ?). En fait, loin d’être en inox et d’avoir réagit avec l’alu, elle est en fibre, comme les plans le prévoit, mais elle était collée au lieu d’être fibrée. Et pourtant, croyez-moi, c’est même souligné dans les plans… Enfin, on a réussi à fabriquer une clavette en fibre que l’on a collé et vissé, en dépannage. Pour l’instant ça tient, on a donc récupéré 2 safrans, plus facile pour barrer le bateau. Bon, donc le moral n’est pas au super beau fixe ce soir. Mais on se réjouit en se disant que ça pourrait être pire, on pourrait être encore à Pondicherry ! Ce soir à 20h, il nous reste 780 miles.
2ème jour de traversée
Bon, on le savait, ça sert à ça cette traversée, tester le bateau… Donc aujourd’hui, notre lot de casse et surprises diverses, on sent que ce sera le quotidien de la traversée. Donc, petit bilan de la journée : – le tuyau de la douchette qui se déconnecte, on en est quitte pour 50 litres d’eau douce perdue – la clavette qui assure la liaison entre le secteur de barre babord et le safran à cassé, donc nous ne pouvons plus bouger ce safran. Seul le tribord fonctionne. Pas très grave tant qu’il en reste un. Si l’autre casse, c’est un peu problématique… Sans rentrer dans les détails, elle a cassé car une petite trappe qui protège le haut du tube de safran est mal étanchéifiée, donc de l’eau de mer à coulé le long du safran (en aluminium), et de la clavette (en inox). Trio fatal (sel+alu+inox) qui a eu raison de la clavette. Nous sommes toujours bloqués à 3 ris dans la grand voile et un foc bien roulé. Or, le vent est bien tombé, 15/20 noeuds. Du coup, notre lévrier des mers se traîne. Le mauvais côté, c’est qu’on est pas prêts d’arriver, le bon, c’est que tout le monde revit à bord. Le bateau bouge beaucoup moins, les enfants jouent, courent, sautent, on peut dormir, manger à table… enfin la vraie vie. Du coup, ce soir, les enfants sont de corvée de patates pour fâter ça ! Ce soir à 19h00, il nous reste 900 miles. A ce rythme, encore 6 jours.