Noël approche : pas de Pyrénéens, mais du barracuda

Oula oula oula, le temps file, les miles s’allongent, les escales s’accumulent… dur dur de parler de tout.

lola_sapinOn s’est régalé a Penang. Longue balade à vélo (à 5 sur 2 vélos, on ne perd pas si facilement nos habitudes indiennes) sous prétexte de passer au Consulat de Thaïlande récupérer nos visas, et de dénicher un sapin de Noël dans un pays ou le cocotier est plus la norme. timeo_sapinMais la bienfaitrice mondialisation étant passée par là, et malgré le fait que la Malaisie soit un mélange de Chinois bouddhistes, de Malais musulmans et de Tamouls hindouistes, ils ont tous l’air de penser que croire au Père Noël ne peut pas faire de mal dans l’au-delà. Nous avons donc trouvé très facilement, et pour la plus grande joie des enfants, toute la panoplie du parfait Noël de cheu nous. Un magnifique sapin trône désormais dans le carré.disco_mael

penang_veloIl ne manque plus que la neige. Manque t-elle d’ailleurs vraiment ? Certes, elle aurait fait très bien sous le téléphérique de Langkawi qui permet de monter au sommet de l’ile (on a quand même pas réussi à se persuader de faire monter les enfants dans ce machin), mais elle risquerait de gâcher le paysage de Koh Lipe, ou nous mouillons ce soir, très joli petit archipel ou nous avons pu observer les plus beaux fonds sous-marin depuis un petit bout de temps.

barracudaD’ailleurs, ça n’a pas raté, un beau barracuda s’est jeté sur notre leurre. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire barbecue, il était en train d’y griller, encore tout frétillant, pour la plus grande joie des enfants, déchainés dès que le moulinet se déclenche. Oui, quand un poisson mord a notre ligne, ça déroule le moulinet dans un cliquetis hystérique, qui déclenche un branlebas de combat sur le bateau (ré enrouler le foc pour ralentir le bateau, border la grand-voile, remonter la ligne lentement, sortir le crochet, le couteau a filet… tout cela avant que le malheureux poisson n’ait le temps de se décrocher). Nous avons gardé 24 morceaux de chair, qui une fois séchés, remplaceront avantageusement les chocolats Lindt dans le calendrier de l’Avent.

Rendez-vous manqué avec nos amis de Sakatia, qui devaient nous rejoindre ici, retardés à Phuket. Nous monterons donc demain à leur rencontre vers Ko Ha, 60 miles au Nord.

2ème jour de traversée

Bon, on le savait, ça sert à ça cette traversée, tester le bateau… Donc aujourd’hui, notre lot de casse et surprises diverses, on sent que ce sera le quotidien de la traversée. Donc, petit bilan de la journée : – le tuyau de la douchette qui se déconnecte, on en est quitte pour 50 litres d’eau douce perdue – la clavette qui assure la liaison entre le secteur de barre babord et le safran à cassé, donc nous ne pouvons plus bouger ce safran. Seul le tribord fonctionne. Pas très grave tant qu’il en reste un. Si l’autre casse, c’est un peu problématique… Sans rentrer dans les détails, elle a cassé car une petite trappe qui protège le haut du tube de safran est mal étanchéifiée, donc de l’eau de mer à coulé le long du safran (en aluminium), et de la clavette (en inox). Trio fatal (sel+alu+inox) qui a eu raison de la clavette. Nous sommes toujours bloqués à 3 ris dans la grand voile et un foc bien roulé. Or, le vent est bien tombé, 15/20 noeuds. Du coup, notre lévrier des mers se traîne. Le mauvais côté, c’est qu’on est pas prêts d’arriver, le bon, c’est que tout le monde revit à bord. Le bateau bouge beaucoup moins, les enfants jouent, courent, sautent, on peut dormir, manger à table… enfin la vraie vie. Du coup, ce soir, les enfants sont de corvée de patates pour fâter ça ! Ce soir à 19h00, il nous reste 900 miles. A ce rythme, encore 6 jours.

Premier coucher de soleil

Qu’est ce que c’est que cette photo pourrie ? Ils nous ont habitués à mieux… Et bien cette photo, c’est Pondicherry qui disparaît à l’horizon. OUI, nous sommes PARTIS !! Une journée évidemment très intense. Les formalités furent très rapides, tout ayant été fait hier. Une bonne vingtaine d’irréductibles copains qui sont revenus nous dire à nouveau au revoir, mis dehors par l’immigration qui avait peur des clandestins. Quelques larmes, bien sûr, une grosse boule au ventre, un passage de passe facile à pleine marée haute, un passage en bateau proche du front de mer de Pondichery, ou nos amis ont emmenés leurs enfants de sortie de l’école, puis, grand voile haute, foc déroulé, hop, cap à l’Est, la Thaïlande ! Et puis bien sûr, la vedette de la Coastal Police qui nous fait de grands signes pour que l’on s’arrête. Facile à la voile ! On fait semblant de croire qu’ils nous font des signes d’aurevoir, mais ça ne marche pas. On se met donc face au vent, on enroule le foc, ils s’approchent pour nous brailler « Combien de personnes à bord ? ». Ben 5 ! « OK alors, bon voyage ». Et de repartir, toute sirènes hurlantes, n’importe quoi. Mais ce fut notre dernier contact avec les autorités Indiennes. Désormais, la voie est libre. 1200 miles devant nous, 5 ou 6 jours. La mer est assez grosse (2,5/3 mètres de houle), le vent assez fort (25 nœuds établis), et tout l’équipage un peu barbouillé. Évidemment, une petite perte d’habitude avec ces 2 ans terrestres. Heureusement, vers 17 heures, ziiiiiiiiii, la ligne de pêche se déroule, les enfants s’excitent ! Ils rêvaient de pécher un poisson, c’est chose faite, un petit thon qui finira dans la casserole 1 heure plus tard. Ils sont tout content, les parents aussi, la mer nous offre son plus beau cadeau de bienvenue. On a bien réduit la toile pour ne pas trop tirer sur le bateau, encore jeune. Nous filons quand même à 9/10 nœuds. Un vrai cap est franchi aujourd’hui pour toute la famille. Un changement radical et soudain de mode de vie. C’est à la fois un soulagement, et un gros défi. Démarrer par 6 jours de traversée musclée n’est pas le plus simple, mais le bonheur est là cette fois, pour de bon. Nous sommes ravis de partager cela avec vous. A très bientôt.