Dernière nuit en Malaisie

Notre navigation vers le Nord et les Philippines se passe mieux que prévu.

Nous attendions du fort vent contre nous, il est pour l’instant dans notre camp, et nous faisons de longues journées de navigation sous voile bien agréables.

Hier soir, nous avons mouillés devant l’île de Silingaan. Non pas parce qu’il y a peu, un touriste taïwanais s’y est fait tuer par le groupe islamique Abu Sayaf, et sa femme enlever, mais plutôt pour les mignonnes petites tortues qui viennent y pondre chaque nuit. Malheureusement, pour des raisons de sécurité (on se demande bien pourquoi) le poste militaire installé sur place (ou nous avons papoté avec les 2 agents qui ont jumelles et mitraillettes braqués vers le large 24/24) n’a pas accepté que nous venions explorer la plage de nuit.

En revanche, les enfants ont tout de même eu la chance de pouvoir relâcher quelques bébés tortues tout juste éclos, et de les accompagner jusqu’à la mer, leur évitant de se faire dévorer par les aigles qui rodent.

Puis, à nous de devenir prédateurs, en péchant un petit thazard, vers 7 heure du matin… un bonheur de découper des filets avant le petit déjeuner…

Ce Samedi soir, nous sommes sur la fort sympathique île de Tigabu, devant un croquignolet village en bord de mer, sur pilotis, ou la population nous a accueilli par de grands sourires, et des mines ahuris devant la blondeur de nos enfants. Les enfants nous ont demandés de sortir le sapin de Noël, qu’ils ont décorés de guirlandes et boules. Hé oui, on est équipé sur Katali ! Ils ont même fait une crèche en lego !

Vraiment une magnifique dernière escale malaisienne, avant de prendre la mer très tôt demain pour atteindre si possible avant la nuit l’île Philippine de Balabac, 80 miles plus au Nord.

On ne passe pas !

Les plus grands explorateurs ont tous eu à reculer devant d’insurmontables obstacles : Magellan devant les tempêtes du Cap Horn, le Capitaine Scott face au froid polaire, Cesar devant Obelix, le docteur Livingston devant le paludisme…

Pour nous, l’insurmontable s’est matérialisé en de longs fils électriques à haute tension tendus à travers la rivière. Certainement une volonté des forces de la nature de nous empêcher de remonter cette rivière jusqu’à sa source, et d’en percer ainsi les mystères insondables.

C’est donc au petit village de Sukau, niché au cœur de cette jungle, que nous avons fait demi-tour, après une autre nuit d’un calme rare sur le bateau.

La veille, joli arrêt, tout près de la berge, à toucher les arbres. Pas mal de drôles d’insectes en ont profité pour monter à bord, mais ça permet aux enfants de ceuillir des fruits ! Et également aux orang outans de venir nous regarder de près. Un vrai moment d’émotion d’avoir ce singe si expressif, si semblable à nous (enfin plus semblable à certains que d’autres) juste devant nous, à nous regarder…

Timéo a voulu monter au mât, regarder le rivière de là haut, agréable promenade, perché à 20 mètres, à regarder la forêt défiler.

Le temps de trouver une connexion internet pour mettre en ligne ce texte, et nous voici revenus à l’embouchure de la rivière, Sandakan. C’est notre dernière soirée à Bornéo. Demain commence notre remontée vers les Philippines, que nous devrions toucher dans 3 jours.

 

Le plein de chlorophylle

Guettés par les crocodiles, pourchassés par les singes nasiques, moqués par les éléphants pygmées, nous avons vaillamment survécus à nos premiers jours au cœur de la jungle sauvage de Bornéo.

Bon, admettons-le, ça fait un peu croisière sur le Nil pour retraités du 3ème âge notre truc : la remontée de la rivière Kinabatangan est paisible, et il nous suffit de lever les yeux de nos cahiers d’école pour appercevoir un animal quelconque en train de nous regarder passer…

Les singes sont innombrables. Un petit faible pour les nasiques (vous vous souvenez, Rastapopoulos dans les albums de Tintin ?) qui ont vraiment un air incroyable. Les crocodiles se cachent, heureusement, et à défaut de voir leurs yeux briller la nuit, ce sont les lucioles qui entourent le bateau.

Aujourd’hui’hui, nous avons suivi à terre la piste encore chaude d’éléphants (si si, les crottes de pachyderme, dans la jungle, ça se repère), mais n’avons pu les rejoindre. Les oiseaux sont aussi nombreux qu’incroyables, avec des formes de cou, de bec, d’ailes, dignes de miroirs déformants.

Il nous faut quand même faire attention aux nombreux troncs qui descendent la rivière. L’un d’eux, d’environ 12 mètres, s’est pris ce matin à cheval sur nos deux coques, pas évident de s’en débarrasser.

Ce soir, nous sommes mouillés à 3 mètres du bord, juste en dessous d’un arbre à singes, ou toute une tribu nous a regardé nous brosser les dents, avant d’aller se coucher en même temps que nous…

 

Un peu d’eau douce nous fera du bien

Les enfants ont quittés non sans mal leurs copains d’un jour, enfants d’une famille française installée à Kota Kinabalu depuis 4 mois et pour quelques années. L’occasion avec eux d’aller se balader au pied du Mont Kinabalu (4095m), profiter de la forêt vierge, des sources sulfureuses chaudes…

IMG_1496Ce soir, nous sommes à Sandakan. Deuxième plus grosse ville de l’état de Sabah, à Bornéo. La navigation pour s’y rendre a été étonnamment calme, la mer s’apaisant après avoir doublé la pointe Nord Est de l’île, et le vent devenant portant. Et pourtant, c’est une région réputée risquée pour ses enlèvements en tout genre. Du coup, nous avions prévenu la Police Maritime qui était prête à intervenir en cas de besoin.

_DSC6897Sur la route, le paysage a complètement changé. L’eau devient très claire, les ilots couverts de cocotiers parsèment l’horizon. Bien que pressés, nous n’avons pas résisté à faire un petit stop baignade sur un banc de sable perdu au milieu de rien.

Mais demain, changement d’environnement. Nous partons pour remonter la Kinabatangan river, pendant une semaine environ. Nous espérons y voir une faune sauvage abondante, malheureusement repoussée vers les berges de la rivière par la déforestation galopante à Bornéo.

On continue en radeau…

Un peu dur en ce moment de se sentir bien en pays musulman… Un peu dur d’apprendre ce qui s’est passé à Paris alors qu’on mange au Brunei dans un restaurant au son des minarets environnants…

Nous avons quitté Brunei après une dernière exploration du village sur pilotis, et une remontée de rivière en annexe pour observer les singes nasiques, qui gambadent de branches en branches, balançant leur gros nez à tous les vents.

Mosquée dans la brumeBrunei est un état islamique. La charia y est en application. Il est donc particulièrement surprenant que juste en face, à 10km à peine, se trouve l’île de Labuan, île Malaisienne Duty free. Couverte en partie d’une immense raffinerie que nous longerons de nuit, c’est le royaume des boutiques d’alcools, on se croirait dans un hall de transit d’aéroport. L’occasion pour nous de nous refaire un petit stock (de toblerone pour les enfants bien sûr !), et pour les enfants, de jouer aux robots avec les cartons vides !Les courses d'alcool, ça a du bon !

Nous sommes maintenant à Kota Kinabalu, la capitale de l’état de Sabah, à l’extrême Nord-Est de Bornéo. Dominé par le Mont Kinabalu (3ème sommet d’Asie), c’est une terre sauvage de jungle et de gros bestiaux.

Nous en avons donc profité pour descendre la Kiulu River en raft (pour le côté nature) et faire le tour des supermarchés locaux (certainement les derniers offrant un tel choix avant de nombreux mois).

Cela fait des journées bien chargées, propices à mettre les enfants sur les rotules, pas durs à coucher en ce moment.

 

Hélices, crocodiles et sangsues

Pfiou… un Dimanche un peu fatiguant !

Souhaitant profiter de l’apparente et miraculeuse réparation des hélices, nous nous sommes rendus aujourd’hui à un parc national non loin de Miri, afin de manger un peu de jungle, et de donner aux enfants la joie d’un picnic dans la nature (oui oui, pour eux, un picnic, c’est l’exotisme).

C’est donc harnachés de nos meilleurs équipements (bon, les chaussures de marche de Soizic ont explosées au bout de 12 mètres, sans doute rongées par l’inutilisation) que nous nous sommes attaqués aux 5 heures de marche dans la jungle de Bornéo, entrecoupées de nombreuses pauses baignades sous les cascades, à poil pour les enfants la plupart du temps. Le nom du parc (Lambir Hills) aurait dû nous mettre la puce à l’oreille quant à la topographie des lieux, mais croyez-moi, nos mollets s’en souviendront !

Point d’animaux sauvages (les hurlements de Mael les ayant fait fuir à plus de 3km). Seules des sangsues ont tentées, sans succès, une prise de contact…

Ce soir, les enfants n’ont pas demandé leur reste, s’effondrant rapidement après le repas, visiblement bien crevés de leur exploit physique (se déplacer sans l’aide du vent).

Et aujourd’hui, Lundi, après une journée de courses aux différents produits qu’il nous faudrait au cas ou le souci de l’hélice/moteur se reproduise, nous sommes prêts à nous remettre en route, direction le Sultanat de Brunei, à une nuit/une journée de navigation d’ici. Nous partons dès ce soir.

Croisons les doigts pour que les hélices se comportent bien… jusque là, tout va bien…

 

Plongée dans le mystère et les crocodiles

Forcèment, quand on dit « Bornéo », on pense plus crocodiles et Orangs Outans que sommets enneigées et récifs coraliens.

Et bien effectivement, à Bornéo, la jungle commence en pleine mer. La preuve : à peine à 100km des côtes, notre canne à pèche a enfin ramené un poisson… Nous regardons le bout de la ligne, en se pourléchant d’avance les babines, quand soudain, grosse déconvenue, ça n’est pas un poisson que nous avons au bout de la ligne, mais un serpent ! Oui oui, en pleine mer !

Bon, pas du type Boa constrictor, mais enfin quand même, une belle bête venue nous souhaiter la bienvenue…

Il ne manquerait plus que l’on pêche un crocodile !

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D’ailleurs, à peine arrivé, c’est ce que le capitaine à tenté de faire, en passant 1 heure sous l’eau, au soleil couchant, à échanger les 2 hélices du bateau, voire s’il était possible de comprendre si notre souci d’hélice vient du « cone clutch » du saildrive, ou du « rubber bushing » du moyeu de l’hélice (vous suivez hein ?).

Il faut avouer que le passage du voisin de ponton, qui, se voulant rassurant, glisse l’air de rien « ne vous inquiétez pas, ils n’ont pas attrapé de crocodile ici depuis 9 mois » a poussé Matthieu à terminer le boulot au plus vite (à la lueur de la lampe sous marine pour la dernière demi heure, super apaisant !).

Et là, oh miracle, les 2 hélices se portent à merveille ! Bon, le souci, c’est qu’il n’y a aucune explication logique, donc on se laisse une nuit pour digérer tout ça, l’hélice, le serpent, le crocodile, les nuits de quart, et on verra demain si on a un orang outan pour le petit déjeuner.

Journée paisible et ornithologique

Superbe journée de paix et de tranquillité aujourd’hui.

Après une nuit sur une parfaite mer d’huile, la journée s’est poursuivi sur un léger frisotis parcouru d’une longue houle qui nous provient de l’autre bout de la Mer de Chine. Du coup, le moteur (celui qui fait encore tourner son hélice) turbine 24h/24h, et je regarde avec anxiété sa jauge d’essence baisser, tant la perspective de transférer le diesel Babord vers Tribord en pleine mer par bidons me rebute.

On verra bien s’il tient jusqu’à Miri, à Bornéo, notre destination, 220 miles devant nous.

Deux hirondelles récupérées en pleine mer ont élu domicile sur Katali depuis 3 jours, profitant de notre passage pour voir du pays gratos. Ces passagers clandestins font comme chez eux, explorant le bateau sans frayeur. Quant aux enfants, ils souffrent de ce calme ambiant qui permet de mettre le turbo sur l’école. Aujourd’hui, Maths, français, Histoire, Géo, Sciences, Arts… et vlan, et avec le sourire s’il vous plait.

Et bien sûr, petite visite d’un gros dauphin solitaire au coucher du soleil, venu partager l’apéro avec nous…

Arrivée prévue le 7 au matin.