A la cour du Sultan

Pas de miracle… nos hélices ont repris leur rythme paisible, laissant le moteur s’acharner, et ne tournant que quand elles veulent.

Il nous fallait donc nous arrêter pour une réparation sérieuse. Sur notre route, Brunei, micro pays, Sultanat, enclavée dans l’immense Bornéo, entourée de Malaisie…

Et pourtant, Brunei s’en tire très bien, avec ses réserves de pétroles immenses, ce qui a fait de son Sultan, l’homme le plus riche du monde, et oui, rien que ça.

On s’est dit qu’en s’arrêtant au « Royal Brunei Yacht Club », on avait des chances de partager un lait fraise (éh oui, pays TRES musulman) avec le Sultan, de s’en faire un bon pote, et de se faire inviter dans l’une des 423 (oui oui, 423) chambres de son palais résidence, le plus vaste au monde !

Ca batifolle dans la piscine du Royal Brunei Yacht Club

Et pendant que les enfants batifolaient dans la piscine, le capitaine suait sang et eau, soit à fond de cale, à démonter ses cônes d’embrayages, soit à terre à l’atelier du Yacht Club, ou un gros étau était nécessaire pour finir le désassemblage. 2 jours de boulot sur ces foutus engrenages, mais le résultat est là, les hélices répondent désormais au quart de tour !

Pour faire un peu de technique pour ceux que ça intéresse, les cônes d’embrayages sont des cônes qui frottent l’un dans l’autre, pour enclencher marche avant ou marche arrière. A force de frotter, les surfaces se lissent, puis n’adhèrent plus suffisamment. Il faut donc tout démonter, passer à une pâte spéciale (genre dentifrice), pour dépolir les surfaces de contact. Une bonne chose de faite !

OK, c'est démonté, mais faut pas se tromper dans l'ordre du remontage

Du coup, ne voyant pas le Sultan pointer le bout de son nez (peut-être s’est-on mal compris, et pense-t-il que nous allons le rejoindre dans une de ses résidences australiennes), nous avons mis les voiles (enfin les moteurs) pour remonter la rivière principale de Brunei, 2 heures jusqu’à la capitale. Jolie balade, bordée de maisons sur pilotis.

Nous mouillons au cœur de la ville, au pied, justement, du palais du Sultan, planqué derrière la végétation. Devant nous, le plus vaste village lacustre du monde (ça nous parait étonnant quand même), ou même les publicités ont les pieds dans l’eau (essayer de vendre des voitures à des gars qui vivent sur l’eau, vraiment une idée tordue de publicitaires !).

Visite à terre, de la mosquée principale « plus belle mosquée d’Asie du Sud-Est » (enfin c’est eux qui le disent), visitable par les non musulmans une heure par semaine. On a juste le droit d’enfiler une robe noire, et de faire 3 pas à l’intérieur « you stay on the brown carpet ». Puis, visite du musée des cadeaux royaux, étalage des cadeaux que les sultans ont reçus (depuis 37 générations !). Ca va du superbe service en argent martelé au kitchissime portrait du sultan entièrement en paillettes, en passant par des dizaines de couteaux, haches, machettes en or, ivoire, argent, jade, pierres précieuses…

Patate découpée en spirale et frite, un délice !

Et le soir, night market à 20 minutes en bus, ou on retrouve les ambiances (et les mets) de Thaïlande, patates frites en spirales, brochettes satay, en y ajoutant des kebbab que nous n’avions pas humé depuis bien longtemps. Au retour, plus de bus, plus de taxi, nuit noire, grosse pluie… Mais la maman d’une vendeuse de légumes nous ramène gentiment à l’arrière de sa fourgonnette, ne cessant de répéter « sorry sorry sorry no seat ! », et refusant qu’on lui donne le moindre sou ! Sympa le Brunei !