Navigation par gros temps

Avant de partir en tour du monde, c’est le titre de l’un des livres que l’on lit, afin de se préparer au pire. Il y est expliqué comment se préparer à naviguer par gros temps, comment essayer de l’éviter, quoi faire quand on est dedans, et enfin, comment survivre dans son radeau.
Mais nulle part il n’explique ce qui se passe à l’intérieur du bateau quand on est dans ce gros temps. Dans son livre, tout le monde est en ciré, et s’active à parer la tempête.
Ce qu’il ne dit pas le gars, c’est que dans les bateaux modernes, il y a beaucoup moins de choses à faire, et que celles-ci sont plus faciles qu’avant : winch électrique, toutes les manœuvres à la barre, pilote automatique fiable… bref, quand on est dans du gros temps, comme nous venons de le faire pour atteindre Nendo, aux Iles Salomon, hé bien la vie poursuit -presque- son rythme normal.
Une fois que la surface de voile est réduite, et que le cap est entré dans le GPS, et bien, il faut essayer de faire comme si tout était normal.
Sauf que rien n’est normal : le bateau est secoué comme une machine à laver, les vagues viennent régulièrement l’arroser, et on doit fermer toutes les ouvertures.
En conséquence, petit à petit, l’état des passagers se dégrade :

  • Le premier jour, tout le monde est un peu vaseux. Ceux qui doivent l’être sont malades. On arrive encore à manger dehors.
  • Le deuxième jour, les enfants recommencent à jouer, et les parents parviennent à cuisiner presque normalement.
  • Le troisième jour, le bateau est recouvert d’une couche de sel digne de la célèbre recette périgourdine du sanglier en croute. Les pièces lego ont volées partout, et personne n’a le courage de les ranger. Le repas se prend à l’intérieur, et vire au pâtes au fromage. La température intérieure grimpe en flèche à cause de l’impossibilité d’ouvrir les capots.
  • Le quatrième jour, c’est le retour du vomi pour ceux qui souffre du mal de mer. A force de faire des allers-retours dehors-dedans, le sol à l’intérieur est mouillé d’eau de mer. On en est réduit à laisser traîner le linge sale par terre pour éponger. On mange dans des bols, avec une simple fourchette, vautré sur un canapé.
  • Le cinquième jour, on mange des pâtes froides avec de la sauce tomate, ou, pour ceux qui aiment, du vomi. Les douches ne sont plus qu’un lointain souvenir, et l’odeur dans le bateau devient calamiteuse.
  • Le sixième jour, on s’accommode de l’odeur de sauce tomate dans les céréales du matin, personne n’ayant le courage de faire la vaisselle. Les peaux sont moites et salées, on se balade à poil, tous les vêtements ayant été trempés par l’eau de mer. La casserole de pâtes à la sauce tomate s’est renversée par terre, et le sol devient dangereusement glissant. Cela rend les déplacement hasardeux, et tout le monde reste vautré dans un état végétatif à regarder ses poils pousser.
  • Le septième jour, c’est normalement le moment d’une petite fuite d’huile dans la cale moteur, très agréable à aller régler. Ca change cependant de la sauce tomate.
  • Heureusement, dans notre cas, la traversée a duré 3 jours. Et par chance, le vent s’est calmé le 3ème jour, nous permettant de rincer le cockpit à grande eau pour lui ôter le goût du sel, de prendre une douche générale dans le même cockpit, de rouvrir les capots, et donc, de retrouver une aération normale.

    En plus, on a pas vraiment eu du gros temps, juste 25 nœuds au près, donc 30 nœuds en vent apparent, avec une bonne grosse mer qui a eu tout le Pacifique pour se lever. Suffisamment pour ôter un poil d’énergie à un équipage déjà un peu cuit (ah oui, je passe l’étape « curetage du gros abcès staphilocoqueux de Soizic », un régal !).

    Donc, pas fâchés d’être arrivé, on se repose un poil…

    6 réponses sur “Navigation par gros temps”

    1. Quelle aventure !!! C’est dommage pour l’abcès, j’aurais tellement aimé le curer… même par gros temps et le bide en vrac ! Vocation un jour……. etc…… on pense à vous, tenez bon ! On vous embrasse

    2. Pas mécontente d avoir de vos nouvelles même si on reste dans des histoires de vomis et de abcès…. On pense bien à vous bisous ou pas…

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