Mise à l’eau de Katali
Ca y est, c’est la fin d’une journée intense en émotions. Une journée ou soudain, très soudainement, tout bascule. Vous passez de 2 ans d’un rôle de constructeurs de bateau à utilisateurs d’un vrai navire, avec son mât, ses cordages, ses copains à bord qui boivent un coup sous la pleine lune, et les enfants qui sautent sur le trampoline. C’est très violent, et très agréable, très intense.
Comme vous le verrez sur la photo attachée, le bateau a son mât, son bimini, bref, est quasi fini ! On est garé, à la tamoule, pire que sur un parking d’Auchan un Samedi après-midi. C’est pas grave, on verra bien pour bouger tout ça.
Beaucoup de copains pour nous aider aujourd’hui, beaucoup de larmes pour Soizic et moi, encore ce soir. Ce sont 2 ans très éprouvants qui s’achèvent, deux ans où nous avons pas mal soufferts à différents points de vue, mais qui, comme toutes les expériences extrêmes, nous ont aussi beaucoup appris.
C’est maintenant une nouvelle aventure qui commence, et nous espérons que vous en ferez partie.
On vous embrasse fort, on est un poil fatigué ce soir…
Le pré lancement de Katali
Ca y est, Katali est terminé !On a même trouvé un grutier, qui s’improvise transporteur de catamaran géant… On a vu et revu 10 fois avec lui la procédure à suivre, tout est planifié, minuté…
Ce qui était prévu :
- Vendredi : on construit un ber sur un camion qui arrive le matin. On pose le bateau dessus
- Samedi : on bouge le camion jusqu’au quai, et on met à l’eau
Ce qui s’est passé :
- Vendredi :
- 11h, un camion taille jouet d’enfant arrive, trop petit, il repart après avoir déchargé 4 gros bout de bois (1 dixième de ce qu’il faut pour finir le ber)
- 16h, un gros camion arrive, se positionne sous le bateau
- Tout au long de la journée, la mafia des pécheurs, qui « gère » le port, commence à menacer de bloquer le déplacement si Ultramarine (la boîte qui a construit le bateau) ne paye pas ce qu’elle leur doit. En gros une somme énorme qu’ils estiment devoir être ajoutée à ce qu’il leur a déjà été versé toute l’année pour la « protection » du site.
- 18h : on finalise avec le grutier une liste du bois nécessaire pour finir le ber
- 18h30 : Mael traverse un coin défait du trampoline (pour faire passer les sangles de la grue), et tombe de 3 mètres. Par miracle, il ressort de là totalement indemne, alors que le sol était jonché de morceaux de parpaings, de débris divers, de blocs de bois… Rapidos aux urgences, mais juste un gros choc. Dès le lendemain matin, il gambade comme d’habitude.
- Samedi :
- 13h : un chargement de bois arrive, rien à voir avec ce que l’on avait prévu
- 17h : Le ber est au ¾ terminé. La pression des pécheurs passe un niveau au-dessus puisque rien ne se débloque du côté Ultramarine. Visiblement, Ultramarine refuse de payer quoi que ce soit. Les pécheurs bloquent tout. Le camion doit partir (il était prévu pour 2 jours), donc le ber est démonté, et jeté à terre. La grue aussi se barre, de peur de se faire abîmer pendant la nuit.
- 19h : Notre agent Indien, qui gère nos discussions en Tamoul, nous apprend que la seule solution de sortie est de filer 2400€ à Ultramarine, qui se chargera de le filer aux pécheurs au compte goutte. Ou ira ce pognon, dans quelles poches, on en sait rien, mais on est écœuré. Ras le bol de ces gens à la fois incompétents et malhonnêtes. Ras le bol d’Ultramarine qui ne supporte pas que nous ayons géré la mise à l’eau sans eux, ras le bol, grosse déprime
- Dimanche : on paye une avance du quart à Ultramarine, ce qui débloque la situation
- Lundi :
- 10h : Le camion revient, la grue aussi, et la construction du ber reprend, à 2 à l’heure.
- 18 h : la grue est prête à lever le bateau pour le poser sur le ber, afin de le souder au camion aux bons endroits, et de finaliser la fixation du bois. Mais la nuit tombe, et on arrête le grutier, rendez-vous est pris pour Mardi 6h du matin pour reprendre le boulot.
Voili voilou, je fais dans le factuel, pas le temps de détailler, mais vous pouvez imaginer notre état. Demain, cela dit, devrait être un jour décisif. Il est aussi tout à fait possible que le déplacement ne puisse se faire demain, car le grutier et son équipe ne sont pas des flèches, et le ber ne sera peut-être pas fini. Tout cela est fait avec un outillage inexistant ou rudimentaire, des câbles détoronnés, et des ouvriers semis mongoliens. Du coup, on palie les manques avec nos outils, nos cordages, nos manilles… assez surréaliste.
Retour sous voiles, retour sur la toile !
30 mois de silence sur notre site. 30 mois pour vous d’une immense angoisse, de tourments sans fin. Mais que sont-ils devenus ? Pourquoi plus de nouvelles de leur chantier ? Qu’est-il advenu de Barbarin en Australie, combien ont-ils d’enfants ? Que font-ils, Où sont-ils ?…
Mais rassurez-vous, nous voilà de retour sur la toile, et sur la mer, pour reprendre nos aventures et notre journal de bord. Barbarin, notre précédent bateau, s’est vendu en Australie début 2012, et nous avons rejoint Pondicherry, pour finalement 2 ans de pause terrestre (au lieu des 6 mois prévus dans notre planning) et suivre la fin de la construction de Katali, notre 3ème bateau. Le site relatant cette construction s’est arrêté en route car le chantier se passait très mal, particulièrement au niveau des relations humaines avec ses patrons. Nous reviendrons plus tard sur le récit de cette aventure, pour l’instant, préoccupons-nous du présent.
C’est donc avec beaucoup d’émotion que nous reprenons contact avec vous. De l’émotion, car d’ici peu, nous naviguerons enfin vers la Thaïlande, notre première escale. Nous laisserons derrière nous une Inde qui nous a tout de même épuisé, et espérons retrouver un rythme de vie où nous décidons de chaque escale. De l’émotion enfin car nous espérons bien partager au plus près avec vous ce nouveau voyage.
1er Avril, drôle de date pour ré-ouvrir le site, mais c’est pour nous un heureux présage.