Sà-wàt-di Thaïlande

Comme Christophe Colomb, jadis, découvrit les Amériques à force de pousser vers l’Ouest, nous avons enfin découvert la Thaïlande à force de pousser vers l’est.

Comme prévu, au lever du soleil, nous étions en vue des premières îles marquant l’entrée de la baie de Phuket. Un Budha géant de 45m de haut nous toise du haut de sa colline, la baie est sillonnée d’embarcations hétéroclites, nous y sommes ! Dès 4 heures du matin, nous avions devant nous une cinquantaine de lumières dont il était impossible de juger de la distance, vitesse, direction.

Chacune est un petit bateau de pêche à éviter. Chacun d’eux doit d’ailleurs aussi se demander ce que nous sommes, dans le noir. Les dernières heures furent donc un peu tendues, à slalomer entre ces barcasses. Mais à 8h ce matin, ça y est, l’ancre est posée dans la baie de Chalong, au milieu d’une myriade d’autres voiliers. Ca ressemble enfin à un lieu accueillant pour notre Katali, bien fatigué des pêcheurs Pondichériens.

Une grosse baignade/douche/décrassage est nécessaire après ces 9 jours de traversée, puis nous attaquons les formalités d’entrée. Tout se passe dans un grand bâtiment au bout du quai qui fait face au mouillage. Nous nous y rendons en annexe (pour la plus grande joie des enfants qui retrouvent ce « jouet » avec bonheur) qui démarre sans problème, ça fait plaisir.

Et là, c’est le choc pour nous qui sommes habitués aux normes Indiennes (3 mois de démarches pour réussir à quitter le pays) : Un premier bureau d’accueil ou on nous fait remplir un formulaire sur ordinateur, puis un passage rapide dans 3 bureaux flambants neuf ou les fonctionnaires de l’Immigration, puis des Douanes, puis du Port, nous tamponnent quelques trucs en échange de nos photocopies de passeports. en 30 minutes, tout est réglé ! Et on s’est même pas fait racketter !

Pas l’ombre d’une attente de backshish pour accélérer la procédure ! On devrait envoyer quelques fonctionnaires Indiens en rééducation par ici. Balade à terre, drôle de contraste après ces 9 jours. Tout est nouveau ici pour nous, l’écriture, la langue, la tête des gens, la façon de conduire, la nourriture.

On s’arrête dans une gargote ou on mange délicieusement, on passe au Yacht Club pour demander si une bouée est libre, on achète une SIM card (notre numéro Thaï : +66 927 369 987), on appelle nos copains du voilier Kappa, Karine et Mistral, rencontrés en Polynésie en 2011, que l’on retrouvera avec plaisir ce soir. C’est pour Soizic et moi un énorme soulagement d’être enfin arrivés.

C’est l’aboutissement d’un projet initié il y a 4 ans, quand nous avons décidé de construire notre bateau en Inde, un pays pourtant aux antipodes des habitudes de la voile de plaisance. Poser l’ancre ici est, pour nous, comme donner un grand coup d’éponge sur un tableau bien rempli, saturé par des problèmes n’ayant rien à voir avec notre soif de voyage, de découverte et de liberté, problèmes qui nous ont englués ces 2 dernières années. C’est le retour à une vie de nomades libres d’aller et venir, libre de décider d’avancer, de reculer, d’accélérer, de ralentir, sans que qui que ce soit ne décide pour nous.

En 2 mots, c’est le retour au bonheur. Sauf peut être pour Mael, qui, après sa promenade à terre, n’a su que nous dire « c’est quand qu’on part de cette planète ? »… rien compris celui là, il va falloir le rééduquer aussi ! En attendant, zou, les paupières des capitaines sont lourdes, très lourdes, et il est temps de reposer tout ça pour une sieste réparatrice…