La nuit des lattes filantes

Forcement, commencer notre vie sur Katali par une traversée de 1200 miles par 25/30 nœuds de vent et 3 mètres de houle, c’est un bon test pour le bateau. Pour l’équipage aussi d’ailleurs. Ceux qui doivent vomir vomissent, et ce qui doit casser casse. Pour le vomi, c’est Lola, hier soir, toute patraque, et immédiatement après en pleine forme, chantant et souriant. Pour le matériel, c’est ce matin, vers 4h, le ris (cordage que l’on tend pour diminuer la surface de la voile) qui casse. Évidemment, la voile n’apprécie pas, et se met à faseyer dans les 30 nœuds de vent. Et là, 4 lattes qui se cassent et se font la malle ! 4 lattes, rien que ça… Du coup, on descend la voile jusqu’au 3ème ris, pour récupérer un peu de tranquillité, mais ça faseye encore, et ce matin, avec un morceau de latte récupéré, on fabrique une latte pour remplacer la plus petite qui manque. Du coup, nous voilà avec une toute petite voilure, qui nous permet tout de même de filer à 8 nœuds. Mais cela va rallonger la traversée, c’est sûr. On aurait préféré commencer par un petit mouillage protégé et l’eau translucide, mais y a pas ça par ici. Pour la petite histoire des lattes, mon fabricant de voiles m’avait certifié en avoir, du coup, je n’avais pas fait livrer ces joncs de 6 mètres de long avec le mât (c’eut été pourtant si simple). Or, le voilier n’en avait finalement pas, et nous les avons ramené de France en avion, découpée en tronçons de 1m70. L’assemblage en résine/fibre ici a été très mal fait, et elles restent très fragiles au niveau des liaisons. C’est pourquoi cette nuit, elle se sont cassées, puis envolées dans les airs… Les enfant demandent chaque demi heure combien il reste de temps avant la Thaïlande… Sûr que les conditions ici sont assez difficiles, avec cette mer très forte, et ce vent puissant… Ça va sembler long à tout le monde. Enfin, ce matin à 9h, il nous reste 970 miles. A bientôt