PANAMA - LES ILES SAN BLAS

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On nous en avait beaucoup parlé, nous n'avons pas été déçus. L'archipel des San Blas est vraiment un lieu à part.

Constitué de plus de 300 îles (Christophe Colomb en avait compté 365), cet archipel se trouve sur la côte Sud Est du Panama. Nous nous y sommes rendus après un stop à colon, le premier port d'entrée au Panama, du côté Atlantique du Canal.

Nous sommes restés à Colon une quinzaine de jours, en profitant pour nous mettre à dos toute l'administration maritime de la ville, en voulant faire nos démarches administratives nous mêmes, sans passer par les chauffeurs de taxi / agents / mafieux qui profitent de la flemme de nombreux navigateurs.

Nous en avons également profité pour sortir le bateau de l'eau, et refaire une partie du calfatage (c'est à dire, en langage terrien, boucher les trous entre les planches de la coque). Ce fut l'occasion de rencontrer d'autres bateaux qui sont venus nous donner des coups de main, toujours l'excellente entraide des navigateurs.

Puis nous sommes partis vers les San Blas, afin d'y retrouver Fred et Laurette, deux amis venus passer 15 jours avec nous. En droite ligne de Ouagadoudou, ils nous sont arrivés bien fatigués.

Nous les avons retrouvés à Ustupu, notre première escale aux San Blas, au Sud de l'archipel.. Cet archipel est habité, et est légalement la propriété des indiens Kuna, qui ont lutté pour cette indépendance, afin de sauvegarder leur mode de vie et leurs traditions. Et cela n'est pas un attrape nigaud pour guide de voyage, ils sont véritablement hors du monde. Ils se protègent énormément de l’influence extérieure, qui les envahit malheureusement de plus en plus par les jeunes qui reviennent de l'université de Panama, et rejettent le modèle de leurs parents.

Le modèle des parents, c'est de se lever tôt le matin, prendre la pirogue (ulu), à la pagaie, ou à la voile, pour aller sur le continent, soit y chercher de l'eau douce (inaccessible sur la plupart des îles) à la rivière, faire la lessive, chercher des fruits (chaque arbre de leur territoire à un propriétaire), nettoyer les tombes des ancêtres, enfin y faire tout ce qui est infaisable sur leur île. D'autres partent à la pêche, certains poussent jusqu'à d'autre îles très éloignées dans leur petit ulu, pour y faire du commerce...

Les îles sont surpeuplées, chaque parcelle de sable porte une case, et les rues sont très étroites (à la dimension des Kunas, d'ailleurs). Du coup, d'autres îles sont uniquement réservées à la culture de la noix de Coco, qui était jadis, et reste aujourd'hui, l'un de leur principal revenu. Ces îles sont donc inhabités, et font de magnifique îlots paradisiaques, déserts, où il est cependant interdit de ramasser les noix de coco (chaque arbre appartient à une famille). Des îles habitées que nous avons visitées, il pouvait y voir de 17 personnes (pour la plus petite, Nurdupu), à 8000, pour la plus peuplée, Ustupu. Et toutes avaient leur terrain de basket, sport curieusement favori chez ce peuple ou la taille moyenne doit être 1m50.

L'autre revenu principal des Kunas sont leurs molas. A l'origine un accessoire vestimentaire, ce carré de tissu brodé sur plusieurs épaisseurs, reprenant des motifs traditionnels, que les femmes cousent sur leur chemisier, est devenu un achat classique des bateaux de passage. Certains nécessitent 3 mois de travail, et cela peut rapporter beaucoup de sous à la famille. Ce commerce à permis de donner un rôle encore plus important aux femmes, qui avaient déjà les choses bien en main.

Quand les femmes cousent, l'après midi, les hommes, eux, se réunissent au Congresso, la plus grande hutte du village, pour discuter de l'avenir de l'île, des décisions à prendre pour son développement, régler les conflits personnels, ou juste papoter un peu.

Les règles sont très précises. L'alcool est interdit de consommation pendant la semaine (ce qui créé de sacrées beuveries le week-end), l'école, bilingue, est obligatoire est gratuite. Il n'y a pas d'impôts, juste un système de permis. Pour chaque chose qu'il souhaite faire, qui sort de la normale, chacun doit payer (aller à l'île d'à côté, se rendre à Colon, un visiteur qui s'ancre devant l'île, vendre des molas...).

Les liens familiaux sont très resserrés, et ce modèle de vie est très bien équilibré. Cependant, cette vie très refermée n'a pas que des avantages, et les mariages entre cousins sont un poil dangereux.

Nous avons rencontrés des gens formidables sur ces îles. Hyper généreux, hyper accueillants. Nous nous sommes éloignés des routes généralement fréquentées par les voiliers, et avons atterris sur des îles que nous n'avons pu quitter que les larmes aux yeux en entendant les enfants crier nos noms. Il n’était pas rare qu'en revenant du continent, vers midi, une famille s'arrête en pirogue pour nous offrir un ananas, et nous demander ce que l'on voudrait le lendemain, ou en passant dans un chenal entre deux îles, de tomber sur un pécheur sous-marin qui vend ses langoustes le tuba en bouche, directement en plein mer. C'est un pays de surprises constantes, de paysages merveilleux, authentiques comme jamais nous n'en avions vu jusque là.



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