CAP VERT

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La traversée fut agréable, autant que 8 jours de mer puissent être agréables. En fait, passés 3 jours de traversée, on ne compte plus, et nous ne sommes pas constamment en train de calculer le temps qu'il reste. Le vent fut régulier, 20 nœuds, ce qui nous permit d'avancer assez vite. Nous fûmes quasiment constamment en vent arrière, ce qui donnait au bateau un mouvement de roulis continuel, un tantinet fatiguant à la longue.

L'arrivée à Mindelo, sur l'île de Sao Vicente, à 4 heures du matin fut tout de même un délice. Enfin, un bateau à l'horizontal ; la nuit fut excellente.

Le Cap Vert est une escale extraordinaire. Archipel composé de 10 îles principales, sèches, balnéaires et touristiques à l'Est, et humides, montagneuses et peu fréquentées, à l'ouest. Ceci dit, c'est un résumé très rapide, et chaque île possède un type de paysage, d'habitants, de climat bien particulier.

Ces îles furent peuplées de différentes façons, par les portugais blancs d'abord, puis par les esclaves noirs d'Afrique de l'Ouest. Ensuite, chaque île a subi des influences biens diverses, et on retrouve des populations très métissées sur Santo Antao par exemple, ou quasiment blanches à Brava ou Fogo, ou beaucoup plus noires à Sal ou Boavista.

Nous avons décidé d'atterrir sur Sao Vicente, ou le port est sûr, d'y laisser le bateau le temps de rejoindre Santo Antao en ferry, la plus belle île de l'archipel, puis de reprendre le bateau vers Fogo puis Brava, et enfin, cap sur la Martinique.

Nous gardons de notre randonnée sur Santo Antao un souvenir fantastique. Il est difficile d'imaginer meilleur accueil. Les enfants vous offrent des fleurs sur le bord des chemins, les adultes partagent volontiers leur casse croûte, le sourire est en permanence accroché aux lèvres, la musique est omniprésente... enfin cette île, à l'écart des routes touristiques, est un régal.

Santo Antao est la deuxième plus grosse île de l'archipel. D'origine volcanique, elle possède un côté Sud très aride, et un côté Nord, plus humide, propice aux cultures de canne à sucre, maïs, bananes, café, goyaves... Nous avons commencé notre promenade en nous faisant déposer en aluger (taxi collectif locaux, qui ne partent que bourrés ou presque) à 1200m, pour redescendre ensuite la vallée de Paul. Le sentier était impressionnant, descendant quasiment à la verticale, en lacets très très serrés, dans le brouillard. Mais le parcours dans la vallée fut un choc : les champs de cannes à sucre, luisants comme de la neige au soleil, le vert sombre des bananiers, les rires des enfants, l’accueil des adultes, la générosité de tous. Tout cela entouré de plus de 1000m de falaises verdoyantes... c'en était trop, et nous décidâmes de passer la nuit dans ce petit paradis. Le lendemain, descente jusqu'à la mer, en s'arrêtant au passage au bord d'une piscine naturelle, ou jouaient les enfants, et dansaient les adultes au son de la sono. A peine les sacs posés, on nous proposait de partager le déjeuner avec eux, tout en sourire. Après une baignade dans la piscine, repartir fut très dur.

Le soir, nous nous arrêtons au hasard dans un petit village, et rencontrons Fonseca, un Capverdien qui a vécu 40 ans en France, et qui vient de prendre sa retraite dans "son Cap Vert" (avec un gros soupir). Il nous invite à boire un verre de Grog (le rhum local) dans sa maison toute neuve. Pour lui, la vie est belle, il est le roi ici ! Avec sa retraite française, et le niveau de vie local ! Mais pour cela, il lui a fallu trimer 40 ans, ouvrier en Moselle. Maintenant, c'est 6 mois au Cap Vert, et 6 mois en France pour voir ses enfants, la vie est belle !

Le lendemain, superbe promenade le long de falaises, entre Fontainhas et Chà da Igreja. Une fois de plus, le paysage est magnifique. Ce sentier pavé est accroché à la falaise, allant de village en village, ou nous sommes accueillis avec la même joie de vivre.

Sur la route, nous passons à Cruzinha, ou nous arrivons juste pour le retour des pêcheurs, qui débarquent leurs bonites sur la cale, pour les découper à la seconde. Tout le village est là pour acheter le poisson. Sur la place, les plus anciens jouent à l'awélé, jeu venu d'Afrique. C'est tellement tranquille, et joyeux, malgré l'évidente pauvreté. L'électricité n'est arrivée que très récemment, et la route pour venir tient plus de la piste pour 4x4.

Le soir, retour en aluger à Porto Novo. L'aluger s'arrête régulièrement suivant les cris de ses occupants, pour acheter sur le bord de la route des haricots, des fromages, des courges... Le voyage dure un temps fou, l'intérieur de l'Aluger se rempli de plus en plus de sacs, de sourires, et de discussions... tandis que nos douillettes fesses d'européens commencent à demander grâce.

De retour en ferry à Mindelo, nous nous préparons à partir vers Fogo, mais de cette étape, nous ne pourrons vous parler qu'une fois en Martinique...

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